En Savoie, le collège Saint-Paul s’est emparé du projet “Sentinelles et Référents”. Une équipe d’élèves et d’adultes s’est formée en début d’année pour agir très concrètement contre le harcèlement au sein de l’établissement.
Le harcèlement est un phénomène qui concerne 10 à 15% des enfants et adolescents. Il frappe particulièrement, les élèves en fin de primaire et au collège, la période charnière de construction de soi et de son affiliation au groupe. Or, les conséquences psychologiques, sociales et scolaires, à court comme à long terme, pour la victime comme pour l’agresseur, peuvent être graves : décrochage scolaire, voire déscolarisation, désocialisation, anxiété, dépression, somatisation, conduites autodestructrices, voire suicidaires. Aussi, toute la communauté éducative doit être mobilisée pour prévenir ces situations, permettre aux élèves victimes de sortir du silence, demander de l’aide, pour traiter les cas de harcèlement avérés et les faire cesser. (Source : Charte d’engagement. Agir contre le harcèlement à l’école. Ministère de l’Education nationale jeunesse vie associative).
L’objectif du projet Sentinelles et Référents est de prévenir et d’agir face aux violences, en faisant intervenir au sein de la structure des jeunes et des adultes formés. Il s’agit plus globalement d’améliorer le climat scolaire.
Des sentinelles
Au sein du collège, des élèves investissent le rôle de “Sentinelles” : ils agissent dans le cas de situations de violence entre jeunes. Leur rôle est double :
- aller vers la victime, ne pas la laisser seule, la tirer de la situation > posture d’écoute bienveillante, de protection et de confiance
- inviter les témoins passifs “normopathes” à reconnaître la souffrance du bouc-émissaire et la violence du/des acte(s) du/des agisseur(s) : leur faire prendre conscience de leur rôle crucial : “Et si c’était toi ?”.
“A Saint-Paul, nos 10 élèves Sentinelles sont plus vigilants à leurs camarades et aux situations. Ils ont un oeil attentif. Mais ils n’interviennent pas directement contre l’agresseur,” explique Mickaël Gay, éducateur, qui a mis le projet en oeuvre sur le collège. “On leur a proposé d’entrer dans l’aventure et de repérer les situations de harcèlement, et plus largement, de boucs émissaires afin d’agir en conséquence. Le critère principal étant que ces élèves aient une personnalité assez forte pour s’extraire des phénomènes de groupe”.
Le process RIRE : Repérer – Intervenir – Référer – Et après
La Sentinelle réfère à l’adulte Référent de son choix, en fonction de la situation. Cet élève n’est pas une “balance” : on ne donne pas de nom, on ne s’occupe que des spectateurs passifs et de la victime. Ce sont les référents qui prennent le relais. Ce n’est pas une situation de délation mais d’assistance à personne en danger.
Des référents
Les Référents sont au nombre de six à St-Paul : enseignants, éducateurs, agent d’entretien, parent d’élève… Ils sont informés par les Sentinelles des éventuelles violences ou brimades. Ils évaluent la situation avec les autres référents et s’occupent du harceleur. Ils sont aussi en lien avec la victime pour l’aider à trouver des solutions pour sortir du problème.
Les Sentinelles et les Référents ont présenté le dispositif à l’ensemble de l’établissement afin qu’ils soient repérés et identifiés par tous les jeunes, garçons et filles. Plusieurs outils sont à leur disposition pour faciliter les liens : une boîte à lettres à l’accueil, des panneaux d’information, une salle dédiée et aménagée, une adresse mail. Un projet où les jeunes sont acteurs, régulateurs et agissent ensemble.